Portrait d'Anne-Madeleine Rémuzat.

Publié le par Anne-Madeleine Remuzat

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Née à Marseille, le 29 novembre 1696. Toujours égale à elle-même, toujours gracieuse, d'un abord facile et attrayant, elle savait être gaie et enjouée quand les circonstances le demandaient. Elle ne montrait jamais ses souffrances ou ses états d’âme, était à son travail dans une totale obéissance. Elle avait était choisie par le Christ pour être sa messagère et après sœur Marguerite-Marie Alacoque de Paray-le-Monail qui avait eu des révélations du Sacré-Cœur, Anne-Madeleine prit le relais quelques années plus tard, pour en être la propagandiste, faisant rayonner le culte du Cœur du Christ à Marseille, en Provence, dans toute la France et jusqu’aux Echelles du Levant où l’un de ses frères avait un commerce florissant.

Elle établit ainsi l’Association de l’Adoration perpétuelle du Sacré-Cœur de Jésus en 1718, et conseilla Mgr de Belsunce de consacrer la ville et le diocèse de Marseille, au Cœur sacré de Jésus, le 1er novembre 1720, lors de la grande peste, comme le Christ le lui avait demandé.

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Novice, religieuse du Chœur, surveillante d'étude, maîtresse d'école et responsable des novices, assistante de la Supérieure, conseillère, et dans les dernières années de sa vie, en 1728, elle sera nommée sœur économe du monastère des Grandes Maries, car la révérende Mère Nogaret, sût qu'en la nommant à cette responsabilité toute la communauté apprécierait et applaudirait à cette nomination.

Ainsi, cela nous permet quelques siècles plus tard, de la suivre dans certains achats importants, où l’on trouve sa signature chez les notaires, pour des actes permettant à la communauté de s'amplifier, par les dots ou les achats divers.

Très habile de ses mains pour la fabrication des fleurs de tissus et de papier pour orner les autels, elle n’était pas très grande, marchant le buste penché un peu en avant et avait une taille "de guêpe", pourrions nous dire, car j'ai vu sa robe de visitandine au monastère des May à Voiron.

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Son visage que nous connaissons et dont a pris le moulage en 1730, avant ses obsèques, nous donne un visage aux traits unifiés. L’empreinte en cire en témoigne

Il reste également, dans une petite caisse, bien cachée par un certain sieur Roubeau, durant la Révolution française, puis remise à l'une de ses parentes, Visitandine au début du XIXe siècle, des éléments divers, avec ses bracelets de pénitence, son cilice tâché de son sang et quelques pièces de vêtements, dont sa robe, sa guimpe et son voile de religieuse. Un jour qu'elle lavait la vaisselle en son rang, suivant l'usage établi dans les Visitations, une sœur domestique lui dit qu'elle la trouvait vraiment bienheureuse de goûter si souvent les consolations de l'âme. Anne-Madeleine sourit et lui dit : « Si vous savez toutes les fois où le Bon Dieu m'esquiche le « piès »… » ce qui me serre, me presse fortement le cœur.

Dans ses relations avec sa famille, elle était enjouée, plaisantait, franche et simple. Nous en avons la preuve par les lettres autographes, écrites à son frère Gabriel Rémuzat, revenant des Echelles du Levant, avec son épouse et qui se voyait soumis à une longue station de quarantaine au Lazaret.      

En la lisant, on se demande si l'on peut porter aussi loin, l'oubli de soi, la liberté d'esprit, l'affabilité simple et cordiale. Cependant à l'époque où elle les écrivait, elle se trouvait dans un état si douloureux qu'elle disait à son directeur spirituel : « Je souffre de bien des manières, au corps, par les douleurs que vous savez, et à l'âme, par l'impression des peines qu'endurent les âmes du purgatoire, dont le Seigneur veut que j'obtienne la délivrance. Ce que je souffre, surpasse tout ce que je puis vous en dire. Dieu fera de moi ce qui lui plaira. Je ne m'embarrasse pas. L'occupation intérieure est toujours la même. Elle semble même se fortifier, dans la dissipation inséparable d'un pareil emploi. Dieu se communique et se laisse trouver partout ».

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On se demande comment la santé d'Anne-Madeleine Rémuzat, pouvait suffire aux exigences d'un emploi si actif et si fatigant. Elle le dit d’ailleurs : « Je suis pour l'ordinaire, occupée et remplie de la plénitude de Dieu. Mais je souffre plus que jamais et ne laisse pas toujours d'aller mon chemin. J'ai même été inspiré de demander à ma supérieure la permission d'aller à Matines, où je ne suis plus trouvée depuis près de 8 ans… ».

Durant ses 18 mois d'économat, elle a ainsi pu satisfaire au travail communautaire qu’on lui avait confié.

Alors que Mgr de Belsunce le lui avait déconseillé, le Père Girard, son directeur de conscience qui la suivait et la conseillait spirituellement par ses correspondances, lui ordonna de faire un journal de sa vie, où elle raconterait toutes les faveurs que Dieu lui avait accordées…

Elle fit appel à sa supérieure. Elle lui dit d'écrire, mais pour Anne-Madeleine cela lui fut très pénible et elle ne le puis pas.

Elle continuait de communier tous les jours, et passait tout le temps qui lui restait après son office, devant le Saint-Sacrement. Les jours étaient trop courts pour satisfaire sa dévotion, mais elle passait des nuits entières en prière, se nourrissant de la Parole de Dieu, de la contemplation et voulant la gloire de son règne. Récitation du chapelet quotidien, méditation des Psaumes et des livres mis à sa disposition. Elle écrira un « Carême spirituel » à l’aide de fragments d’ouvrages, dont celui du Père De Pont, S.J. Lorsque les religieuses de Castellane, suspectée de Jansénisme, furent mises à Marseille Anne-Madeleine les conseilla, pria pour elles se sacrifia ; elles se convertirent et repartirent vivre dans leur monastère.

Une épidémie de rhume la fit souffrir terriblement, mais elle en guérit. Mais venait le jour de son retour vers Dieu, et elle comme elle avait prédit qu’elle mourait à 33 ans, elle demandant qu'on ne lui fasse pas une robe nouvelle, car elle ne la porterait pas longtemps.

Elle s’endormit dans la paix du Seigneur, au matin du 15 février 1730, après avoir reçu les derniers sacrements. Les Visitandines récitèrent les Litanies du Sacré-Cœur, qu’elle avait composée en reprenant diverses litanies existantes et qui sont devenue les Litanies pour l’Eglise Universelle.

C’est en voulant prélever son cœur, comme le voulait la coutume du temps, pour ceux qui mouraient en odeur de sainteté, et que les Visitandines garderont comme une relique, qu’on découvrit sur sa poitrine, le nom de Dieu gravé avec un fer rougi, et sur son bras un cœur percé de deux flèches.

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Le chirurgien découvrit également une petite élévation, de la grosseur d’une petite main d’enfant, formant comme un petit cœur. C’était en fait ce qu’elle avait expliqué à son directeur spirituel, la douleur qu’elle ressentit sur la poitrine, lorsque Jésus prit son cœur pour le placer dans le sien.

Les stigmates qu’elle recevra, n’étaient pas perceptibles puisque Jésus lui avait laissé le choix. Extérieures, elle aurait moins de souffrances ; invisibles elles lui permettraient de continuer de vivre dans le secret de ce que le Seigneur qui confiait, mais cela augmenterai ses souffrances. Elle laissa le Seigneur choisir lui-même. Ce furent les stigmates invisibles qu’il lui donna.

La relique du cœur d’Anne-Madeleine Rémuzat, enfermé dans un petit coffret, représentant une petite commode provençale, se trouve désormais à la basilique du Sacré-Cœur de Marseille.

 

Mons. Jean-Pierre, Norbert Ellul.

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Publié dans Vie d'Anne-Madeleine

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